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12 décembre 2006

accident de circulation au maroc

Maroc: Arrêter l'hécatombe routière

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Mohamed Aouad

En ce début de décembre, trois accidents très meurtriers se sont succédé, en l'espace de deux mois, endeuillant, de la sorte, de nombreuses familles, particulièrement celles dont des parents avaient choisi le Maroc comme destination pour leurs vacances.

Le gouvernement avait pris, il y a quelques mois, des mesures de prévention et de répression dans le domaine de la circulation routière; elles avaient eu, pendant un court laps de temps, un impact heureux et réduit, quelque peu, le nombre des victimes de la route. Mais ce nombre n'a pas tardé à retrouver sa vitesse vertigineuse d'antan, lesdites mesures s'étant avérées, totalement, insuffisantes.

Le mal de "de mal conduire" au Maroc est, en effet, très profond. Une certaine manière de conduire s'est, malheureusement, enracinée chez nombre de nos concitoyens depuis qu'ils ont pris l'habitude de circuler en voiture, se souciant très peu du respect des règles de conduite. La corruption des agents de contrôle, qu'ils soient policiers, gendarmes ou agents du ministère du Transport, qui sévit dans tout le pays, depuis plusieurs décades, a aggravé ce "mal de conduire", rendant obsolètes, les quelques règles du code de la route.

Il était, de ce fait, devenu normal d'acheter, en toute impunité, un permis de conduire, ce qui a permis à Mustapha Al Attrassi, cet autre humoriste marocain, également en vogue à Paris, d'ironiser en affirmant, sur les antennes de France II, que "le Marocain n'a pas le droit de conduire s'il n'achète pas son permis". Ayant, ainsi, acquis ce précieux document, appelé de surcroît permis de tuer, le chauffard se lance sur les routes dans une ignorance presque totale du Code de la route. Ses connaissances se limitent à l'existence des feux rouges, du stop et, parfois, à la limitation de vitesse, qu'il lui arrive, souvent, de ne pas respecter. Quant aux autres règles, telles que le dépassement de la ligne continue ou le respect de la priorité à droite, il les ignore totalement. Quand il est pris en faute, le billet de dix ou cent dirhams, selon la gravité de l'infraction, est là pour lui servir de passe-droit.

Le cas s'aggrave quand il s'agit de la conduite d'un car ou d'un camion, car les conditions de sécurité sont, souvent, totalement absentes: état vétuste des véhicules, dépassement des limites assignées au tonnage ou au nombre des personnes transportées ou, encore, la durée du trajet effectué et, par voie de conséquence, la fatigue encourue, pendant plusieurs heures, par le conducteur. Là aussi le billet de banque absout celui-ci de toute contravention.

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Ce même billet de banque a également cours dans les stations de contrôle des véhicules, censées vérifier si ces derniers peuvent circuler en toute sécurité. De plus, le contrôle se limite à ne vérifier, et en coup de vent, que l'état des pneus, des freins et des lumières, pas plus; et, chose plus grave, cette vérification ne se fait, selon la loi, que tous les cinq ans, comme si les organes du véhicule pouvaient rester en bon fonctionnement pendant toute la durée inter-contrôle.

Ayant, moi-même, eu l'occasion de conduire mon véhicule, de plus de cinq ans d'âge, à une de ces stations, j'ai pu constater, de visu, la manière fantaisiste avec laquelle allait se dérouler ledit contrôle. L'agent vérificateur s'était, en effet, contenté de vérifier si les freins et les feux de signalisation fonctionnaient bien et m'avait, aussitôt, remis l'autorisation de circuler. Je me suis, alors, rappelé les séances minutieuses de vérification que subissait, annuellement en Autriche, mon autre véhicule; rien n'échappait à l'agent vérificateur, jusqu'au dégagement de l'oxyde de carbone par le pot d'échappement, même s'il ne pouvait altérer, en quoi que ce soit, les conditions de sécurité sur la route. Il risquait, dit-on, de polluer l'atmosphère, ce que la population ne saurait admettre. Le macaron délivré par le Centre de visite technique a, dans ce pays, la même valeur que peut avoir celui de la vignette auto au Maroc; sa non présentation est, d'ailleurs, sévèrement punie par le paiement d'une amende assez conséquente.

De plus, la profession de transporteur continue à souffrir d'une situation en totale déconfiture. Le Protectorat, suivi en cela par le régime des années de plomb, avaient distribué, à gogo, les agréments de transport à toute personne qu'il cherchait à asservir. Devenue par la seule volonté de l'autorité, transporteur, elle n'était guidée que par le gain immédiat, se souciant très peu de l'état de son (ou ses) véhicule (s). Ces transporteurs se sont, de plus, organisés en véritables coteries imposant leur volonté à l'Administration qui, souvent, ne fait qu'acquiescer à leurs exigences. Ils se sont, durant toute une décennie, fermement, opposés à l'obligation de munir leurs véhicules du fameux tachymètre qui permet de contrôler la vitesse et la durée de conduite du véhicule et ne l'ont accepté que très récemment. Mais ils continuent, avec ténacité, à s'opposer ou à entraver toute organisation de la profession.

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